Série Hebdomadaire
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Nous sommes passionnés par la narration et nous vous offrons une série captivante à lire chaque semaine. Plongez dans notre univers et laissez-vous emporter par nos histoires.
Oksana
Le souffle de la liberté


Chapitre 1
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Dans le calme apaisant d'un soir de septembre, alors que le soleil embrassait l'horizon de ses teintes orangées, le petit village ukrainien s'endormait doucement sous le voile de la nuit naissante. Les derniers rayons du jour caressaient tendrement les toits de chaume des modestes maisons, illuminant les façades de teintes dorées. Au loin, se dessinait la silhouette majestueuse de la ville de Zalishchyky, dont les lueurs scintillantes se reflétait timidement sur les eaux calmes de la rivière Dniester. Les bruits de la journée s'estompaient peu à peu, laissant place à une symphonie de douceur et de quiétude. Le chant mélodieux des grillons se mêlait au murmure léger du vent dans les feuilles des arbres, créant une atmosphère envoûtante et paisible. Les étoiles commençaient à percer timidement le voile du crépuscule, parsemant le ciel d'éclats argentés. La lune, telle une sentinelle bienveillante, se levait lentement, baignant le paysage d'une lumière douce et mystérieuse. Les ombres s'allongeaient, enveloppant le village d'un voile de mystère et de magie.
Toute l'âme du petit village ukrainien semblait s'éveiller, se laissant emporter par la magie de l'instant présent. La beauté simple et authentique de la nature se révélait dans toute sa splendeur, invitant les cœurs à la contemplation et à la rêverie. Oksana, assise sur un banc de pierre regardait la beauté de ce moment magique. Dans la quiétude de cette nuit de septembre, le village et la ville se faisaient écho, unis par la douceur de l'instant, dans une harmonie parfaite où se mélangeaient paix et sérénité.
À 10 ans Oksana rayonnait d'une beauté naturelle. Ses cheveux blonds comme les blés et ses grands yeux verts pétillants, reflétaient la pureté de son âme. Tous ses amis la voyaient comme une enfant extraordinaire par sa beauté extérieure, mais aussi par la bonté et la générosité qui habitent son cœur. Douce et attentionnée envers ses parents, elle veillait sur eux avec un amour inconditionnel, les aidant dans les tâches quotidiennes et partageant leur fardeau avec un sourire toujours radieux. Admirative de son grand frère, elle le regardait avec des yeux emplis d'admiration et de respect. Elle aspirait à suivre ses traces, à apprendre de lui et à grandir en s'inspirant de son exemple.
Elle était passionnée par l'art du dessin, de la peinture, et laissait souvent libre cours à sa créativité débordante. À travers ses croquis, elle exprimait ses émotions les plus profondes, capturant la beauté du monde qui l'entourait avec une sensibilité rare. Dotée d'une intelligence remarquable et d'un talent inné, elle se distinguée par sa capacité à apprendre rapidement et à exceller dans tout ce qu'elle entreprenait. Son esprit vif et curieux lui ouvrait les portes de la connaissance, lui permettant d'explorer de nouveaux horizons et de repousser les limites de son imagination débordante. Dévouée, et passait pour une personne sur laquelle on pouvait toujours compter. Entourée d'amis qui l'appréciaient pour sa gentillesse et sa sincérité, elle cultivait des liens précieux basés sur la confiance et le respect mutuel. C’était une lumière étincelante dans la vie de ceux qui avaient le privilège de la connaître. Son cœur généreux et sa nature bienveillante illuminaient le monde qui l'entourait, faisant d'elle une enfant exceptionnelle, destinée à accomplir de grandes choses dans sa vie.
Les soirées étaient des moments privilégiés en famille. Mykola, son père, travaillait comme forgeron, tandis que Kateryna, sa mère, tenait un petit atelier de couture. Le soir, après le dîner, Mykola racontait des histoires sur les anciens Cosaques et les luttes pour l'indépendance de l'Ukraine. Ces récits captivants remplissaient le cœur d'Oksana de fierté et de courage.
Chaque matin, Oksana se réveillait au son des oiseaux chantant et de l'odeur du petit déjeuner préparé par Katerina sa mère une femme travailleuse aux traits marqués par une vie qui ne l’avait pas ménagé. La famille se réunissait autour de la table, partageant du pain frais, des œufs, et du fromage fait maison. Après le petit déjeuner, Oksana se rendait à l'école du village, un bâtiment modeste mais chaleureux, où elle retrouvait ses amis et sa maîtresse, Mme Petrova.
Elle aimait cette l'école, particulièrement les cours d'histoire où elle apprenait les légendes et les héros de l'Ukraine. Toujours volontaire pour les récitations de poèmes, les jeux de rôle qu'organisait Mme Petrova. Après les cours, elle courait souvent vers la bibliothèque du village, un lieu magique à ses yeux, où elle dévorait des livres d'aventures et de contes de fées.
Kateryna lui enseignait les valeurs de bonté, de générosité, et de résilience. Elle lui apprenait à coudre et à broder, des compétences précieuses transmises de génération en génération. Son frère Andriy, l'emmenait souvent dans la forêt voisine pour des explorations et des jeux, leur lien fraternel étant fort et affectueux. Oksana rêvait de devenir une grande aventurière ou peut-être une conteuse célèbre comme sa grand-mère l'avait été. Elle aimait imaginer des mondes fantastiques et des histoires héroïques qu'elle partageait avec ses amis sous le vieux chêne du village. Ses parents soutenaient ses rêves et lui rappelaient toujours que la liberté et le courage étaient les plus grands trésors qu'elle pouvait posséder.
Le village tout entier formait une communauté soudée. Les voisins s'entraidaient, partageant les joies et les peines de la vie. Les fêtes traditionnelles, comme Noël et Pâques, étaient des moments de grande célébration, avec des danses, des chants, et des festins. Oksana adorait ces moments où tout le monde se réunissait, et elle aimait particulièrement les danses folkloriques et les chants traditionnels que sa grand-mère lui avait appris.
La vie d'Oksana était remplie de joie, d'amour, et de traditions. Elle grandissait entourée de l'affection de sa famille et de la communauté, imprégnée des valeurs de liberté et de courage.
Sa mère l’interpella du pas de la porte.
- Tu devrais rentrer ma chérie, tu vas prendre froid, ce n’est pas le moment d’être malade, demain nous allons à la ville, nous te l'avons promis pour ton anniversaire.
- Oh oui, je m'en souviens très bien !
La famille tkachanko n'avait guère l'occasion d'aller à la ville. Sans voiture, ils devaient prendre le bus et c'était tout une expédition. Leurs faibles revenus ne leurs permettaient pas d'y aller souvent. Ils gardaient cette sortie exceptionnellement comme une récompense ou comme une nécessité absolue, pour de grosses courses ou pour des raisons de santé. Zalishchyky, ville pittoresque située dans l'ouest de l'Ukraine, au sud de la région de Ternopil est nichée dans une boucle formée par le fleuve Dniestr. Beauté naturelle elle est remarquable, entourée par les eaux sinueuses du fleuve qui forme une boucle presque complète. La ville donne l'impression qu'elle est située sur une presqu'île. Les rives du fleuve sont bordées de falaises et de collines verdoyantes, offrant des panoramas spectaculaires. Les collines environnantes sont couvertes de forêts denses, avec des sentiers de randonnée qui offrent des vues imprenables sur la vallée du Dniestr et les paysages ruraux environnants. En raison de sa position dans la vallée, elle bénéficie d'un microclimat plus doux que le reste de la région, avec des hivers relativement cléments et des étés chauds et ensoleillés. Cela permet une agriculture florissante et la culture de vignes, de fruits et de légumes. Le centre-ville est marqué par des bâtiments historiques de styles baroque et néoclassique, avec des façades colorées, des toits en tuiles rouges, et des balcons en fer forgé. La ville abrite plusieurs églises anciennes, dont l'église Saint-Stanislas, un magnifique exemple de l'architecture baroque avec ses fresques intérieures et son clocher élancé. Ses jardins botaniques, où sont cultivées des espèces rares de plantes et d'arbres offrent des espaces de promenade paisibles et ombragés où Oskana aimait flâner. Le parc central de la ville, avec ses allées bordées de fleurs et ses statues historiques, est un lieu de rassemblement populaire pour les habitants et les visiteurs. Ses marchés sont animés, avec des étals débordant de produits frais, de miel, de fromages artisanaux et d'artisanat local. Les habitants sont chaleureux et accueillants, fiers de partager leur culture et leurs traditions. La ville organise plusieurs festivals annuels, célébrant la musique, la danse, et les arts folkloriques ukrainiens. Ces événements attirent des visiteurs de toute la région et renforcent le sentiment de communauté.
Le lendemain fut pour la jeune Oksana fut riche en émotion. Elle aimait ces journées en famille, les promenades dans les rues animées, les magasins achalandés et la compagnie de son frère qu'elle ne voyait guère. Il n'occupait plus la maison parentale, placé comme apprenti dans chez un boulanger du village, il était logé sur son lieu de travail et ses horaires ne lui permettaient pas de venir voir sa famille très souvent.
Cependant, alors que les ombres du bonheur semblaient recouvrir le cœur de la famille, un nuage de tension palpable s'installait dans l'air. Les rues de Zalishchyky, autrefois animées par les rires et la vitalité des habitants, étaient maintenant imprégnées d'une atmosphère de préoccupation et de peur. Les nouvelles, souvent sombres et inquiétantes, se propageaient rapidement à travers les conversations murmurées et les regards anxieux. Les Ukrainiens sentaient le poids de la menace croissante qui pesaient sur leur pays. La frontière orientale, autrefois une ligne imaginaire sur une carte, était devenue un symbole de danger imminent. Le rassemblement de troupes russes s'accumulant de l'autre côté, des manœuvres militaires et des rhétoriques belliqueuses dominaient les discussions, éclipsant les préoccupations quotidiennes. Les gens se rassemblaient dans les cafés, les maisons et les places publiques, cherchant à comprendre la portée des événements. Les souvenirs de conflits passés, encore vifs dans la mémoire collective, amplifiaient les inquiétudes. Les plus âgés racontaient des histoires de temps de guerre, de sacrifices et de résistances, espérant que les jeunes générations comprennent la gravité de la situation. La peur de l'inconnu rongeait les esprits. Qu'allait-t-il se passer demain ? La guerre frappera-t-elle à nouveau à leurs portes ? Les familles s'inquiétaient pour leurs proches et leurs amis. Les mères berçaient leurs enfants la nuit, tentant de les rassurer, tandis que les pères, silencieux, suivaient les nouvelles à la télévision, le front plissé de souci.
Au milieu de la peur, une colère sourde montait également. Une colère contre l'agresseur potentiel, contre la violation possible de leur souveraineté, contre l'injustice d'une guerre imminente. Des mouvements de résistance se formaient, des milices citoyennes s'organisaient, prêtes à défendre chaque pouce de leur terre. "Nous ne nous rendrons pas sans nous battre," disaient-ils, le feu de la détermination brillant dans leurs yeux.
Ces temps d'incertitude renforçaient aussi le tissu social. Les communautés se soudaient, l'esprit de solidarité s'intensifiaient. Les voisins prenaient soin les uns des autres, partageant ressources et réconfort. Les églises et les lieux de culte devenaient des sanctuaires d'espoir, où les prières pour la paix montaient en un chœur unanime. L'espoir que la diplomatie triomphera, que le dialogue et la raison prévaudraient sur la violence. Les autorités locales et nationales se préparaient, organisaient des exercices de défense civile, prétextant renforcer les infrastructures critiques et mobiliser les ressources nécessaires. Les citoyens, bien que inquiets se préparaient à prendre des mesures pour stocker des provisions. Ils échafaudaient des plans d'évacuation, se formaient aux premiers secours. Chaque geste serait un acte de résilience, une préparation pour l'inévitable.
Dans ce climat tendu, les Ukrainiens vivaient au jour le jour, tiraillés entre la peur et l'espoir, la colère et la résilience. Chaque nouvelle annonce devient un rappel de la fragilité de la paix. A cœur de cette angoisse collective, chez les tkachanko brillait une lueur d'unité et de détermination. Quel que soit l'avenir, la famille soudée ferait face dans l'unité et la solidarité, prête à défendre leur liberté et leur pays.
Les premières lueurs de l'aube peinaient à dissiper les ombres de la nuit, et pourtant, l'obscurité semblait se densifier dans le cœur de la petite maison d'Oksana. La tension était palpable, chaque membre de la famille ressentant le poids des nouvelles inquiétantes qui se multipliaient jour après jour. La guerre, autrefois une menace lointaine, semblait maintenant inéluctable, une sombre réalité qui s'imposait de plus en plus.
Oksana pouvait percevoir l'inquiétude dans les regards échangés entre ses parents. Elle voyait les rides de souci se creuser sur le visage de sa mère, Katerina, chaque fois que la radio diffusait les dernières nouvelles. Son père, Mykola, habituellement jovial et souriant, était devenu silencieux et pensif, fixant souvent le ciel par la fenêtre, comme s'il cherchait des réponses dans les nuages menaçants. Le soir, après le dîner, Oksana écoutait discrètement les conversations de ses parents. Ils parlaient à voix basse, pensant qu'elle ne pouvait pas entendre, mais elle percevait chaque mot.
- Nous devons préparer un plan, disait Mykola, sur un grave. Si les troupes avancent, nous devrons quitter le village. Nous ne pouvons pas rester ici et attendre que le pire se produise.
Kateryna hochait la tête, ses yeux brillants d'inquiétude.
- Mais où irions-nous ? Et si... et si nous ne trouvions pas d'endroit sûr ?
- Nous trouverons un moyen, répondait Mykola, tentant de se montrer rassurant. Pour Oksana, nous le devons.
Les jours suivants les rumeurs s’emplifiaient. La maison se remplissait d'une activité nerveuse. Mykola renforçait les fenêtres et les portes, tandis que Katerina préparait des sacs avec des provisions et des vêtements. Oksana aidait comme elle pouvait, bien qu'elle ne comprît pas tout ce qui se passait. Elle voyait les regards échangés entre ses parents, des regards emplis de peur mais aussi de détermination. La nuit, Oksana avait du mal à trouver le sommeil. Ses rêves étaient peuplés de bruits de bombardements et de visages familiers disparus. Elle se réveillait en sursaut, les larmes aux yeux, et se blottissait contre son ourson en peluche, cherchant un semblant de réconfort. Parfois, sa mère venait s'asseoir à côté d'elle, lui caressant doucement les cheveux, murmurant des paroles apaisantes.
- Tout ira bien, ma chérie. Nous sommes ensemble, et tant que nous sommes ensemble, nous trouverons une solution."
Malgré ces mots rassurants, Oksana sentait que quelque chose de terrible se préparait. La guerre, avec ses promesses de destruction et de perte, se rapprochait inexorablement. Les bruits de la vie quotidienne, le chant des oiseaux, les rires des enfants semblaient ternis par une menace invisible mais omniprésente.
L’hiver s’était installé avec sa froidure et des jours sombres. Noël ramena un peu de gaieté et de la chaleur. Janvier s’annonçait neigeux avec l’arrivé des précipitations venant du nord.
Un matin, le son lointain mais distinct d'explosions atteignit le village. C'était comme si la guerre venait de franchir une étape de plus, se rapprochant dangereusement. Oksana, terrifiée, courut vers ses parents. Mykola la prit dans ses bras, et Katerina, les yeux remplis de larmes, la serra fort.
- Nous devons être forts, Oksana, dit Mykola d'une voix tremblante mais résolue. Peu importe ce qui arrive, nous resterons ensemble et nous nous battrons pour notre avenir.
Dans cette petite maison des tkachanko , la famille se préparait à affronter un avenir incertain. Les inquiétudes d'Oksana et de ses parents reflétaient celles de milliers d'autres familles à travers le pays. Face à l'ombre croissante de la guerre, ils trouvaient du réconfort dans leur unité et leur détermination à survivre, malgré tout.
L’hiver ukrainien semblait plus rude cette année, non seulement à cause du froid mordant, mais aussi en raison de la tension qui envahissait les cœurs et les esprits des habitants. La menace de l'invasion russe était de plus en plus palpable, et les ondes des radios locales, autrefois dédiées aux nouvelles locales et aux chansons traditionnelles, étaient désormais saturées de messages de propagande en provenance de Russie. Les messages étaient habilement conçus, jouant sur les thèmes de l'unité slave, de la fraternité historique, et des promesses d'un avenir meilleur sous la protection de la "Grande Russie". Des voix suaves et rassurantes parlaient de paix, de prospérité et de sécurité, essayant de convaincre les Ukrainiens que leur avenir était aux côtés de leurs "frères" russes. Les affiches apparaissaient dans les villages, montrant des images de familles heureuses, des champs florissants et des villes prospères, toutes sous le drapeau tricolore russe.
Certains Ukrainiens, séduits par les promesses ou désillusionnés par les difficultés économiques et les divisions politiques internes, commençaient à prêter une oreille attentive à cette propagande. Ivan, un agriculteur partageait ses vues avec ses voisins lors d'une réunion au marché.
- Regardez ce que la Russie propose," disait-il en agitant un tract russe. Ils promettent de stabiliser l'économie, de fournir des subventions agricoles et de garantir notre sécurité. Nous avons besoin de stabilité. Peut-être que s’unir à eux n’est pas une si mauvaise idée.
Maria, une vieille femme qui se souvenait encore des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, hocha la tête en signe d'approbation.
- Je me souviens des temps où nous étions unis avec la Russie. Peut-être que c'est ce dont nous avons besoin maintenant. Une main forte pour nous guider à travers cette tempête.
Cependant, beaucoup d'autres rejetaient fermement ces messages. Ils voyaient la propagande pour ce qu'elle était : une tentative cynique de saper leur indépendance et leur identité nationale. Petro, un jeune enseignant passionné par l'histoire de l'Ukraine, se leva lors de cette même réunion et répondit avec véhémence.
- Ivan, Maria, vous parlez de promesses, mais à quel prix ? La Russie veut nous réduire en esclavage sous le prétexte de nous 'protéger'. Nous avons lutté trop longtemps pour notre liberté et notre souveraineté pour les abandonner si facilement. N'oublions pas ce que cela signifie d'être Ukrainien, de se battre pour notre droit à exister en tant que nation libre.
Salina, une infirmière qui avait vu de près les souffrances causées par les conflits précédents, ajouta avec émotion :
- Ils parlent de paix, mais apportent la guerre. Regardez ce qui s'est passé en Crimée. Regardez le Donbass. Ce ne sont pas des protecteurs, ce sont des envahisseurs. Nous devons nous tenir ensemble et résister, pour nous, pour nos enfants, pour l'avenir de l'Ukraine.
Entre ces deux positions extrêmes, de nombreux Ukrainiens étaient plongés dans la confusion et l'incertitude. Ils voulaient croire aux promesses de paix et de prospérité, mais étaient hantés par les récits de guerre et de domination. Les familles se disputaient, les voisins se méfiaient les uns des autres, et une atmosphère de suspicion imprégnait les villages. La propagande russe, avec ses promesses séduisantes et ses images idylliques, tentait de semer la division et le doute parmi les Ukrainiens. Mais au cœur de cette tempête de désinformation, beaucoup restaient fermes dans leur conviction que l'Ukraine devait rester libre et souveraine. Le village, comme tant d'autres à travers le pays, était devenu un microcosme de cette lutte intérieure, où chaque habitant devait décider de quel côté se ranger dans la bataille pour l'âme de leur nation.
L'hiver avait pris possession du village avec une implacable rigueur. Les premières neiges étaient tombées en novembre, couvrant les collines et les vallées d'un manteau blanc, mais ce n'était que le début. Décembre apporta des températures glaciales, et janvier débuta avec autant de force. Chaque souffle d'air semblait mordre la peau avec la cruauté d'une lame de rasoir. Les rues, habituellement animées, étaient maintenant presque désertes, ensevelies sous une épaisse couche de neige. Les toits des maisons croulaient sous le poids de la glace, et les cheminées fumaient continuellement, signe de vies blotties autour de poêles à bois pour chercher chaleur et réconfort. Le Dniestr, qui bordait le village, était figé sous une épaisse croûte de glace, les courants invisibles luttant désespérément sous cette prison blanche. Les villageois continuaient à vaquer à leurs occupations malgré les difficultés imposées par l'hiver rigoureux. Le facteur du village, était l'un des rares à braver régulièrement les éléments. Emmitouflé dans de multiples couches de vêtements, il parcourait les rues avec détermination, apportant des nouvelles, des lettres et parfois de simples mots de réconfort aux habitants. Les enfants, malgré le froid mordant, trouvaient encore la force de jouer. Ils construisaient des forteresses de neige et s'engageaient dans des batailles de boules de neige, leurs rires cristallins résonnant comme un rappel de l'insouciance dans un monde figé par la glace. Leurs joues rougies par le froid et leurs sourires éclatants contrastaient avec le paysage austère.
Cependant, l'hiver apportait aussi son lot de défis. Les réserves diminuaient rapidement, obligeant les hommes du village à s'aventurer dans les forêts enneigées pour couper du bois supplémentaire. Chaque expédition était une lutte contre le froid, chaque bûche coupée un triomphe sur l'hiver impitoyable. La nourriture aussi devenait une préoccupation croissante. Les provisions récoltées durant l'automne s'amenuisaient, et les familles rationnaient soigneusement leurs repas. Maria, la propriétaire du petit magasin du village, faisait de son mieux pour redistribuer les denrées restantes équitablement, veillant à ce que personne ne manque de l'essentiel. Malgré les difficultés, l'esprit communautaire restait fort. Les habitants s'entraidaient, partageant ce qu'ils avaient, offrant un abri à ceux qui en avaient besoin. Les soirées se passaient souvent autour du poêle, où les familles se réunissaient pour raconter des histoires, chanter des chansons et trouver de la chaleur dans la compagnie des autres. L’institutrice du village, organisait des classes improvisées dans sa maison, gardant les enfants occupés et leur esprit vif malgré le froid. Elle enseignait à ses élèves l'importance de l'entraide, de la résilience et de la persévérance, des valeurs essentielles pour traverser un hiver aussi rigoureux.
À travers la glace et la neige, les habitants gardaient les yeux tournés vers le futur, espérant le retour du printemps. Ils savaient que, comme chaque année, la neige finirait par fondre, les rivières recommenceraient à couler librement, et la terre endormie sous la glace se réveillerait pour offrir à nouveau ses fruits. En attendant, ils continuaient à lutter contre le froid, soutenus par la chaleur de leur communauté et l'espoir d'un avenir meilleur. Chaque jour qui passait les rapprochait un peu plus du moment où la nature relâcherait son emprise glaciale, permettant aux couleurs et à la vie de revenir dans la région. Ainsi, l'hiver, bien que rigoureux et impitoyable, devenait aussi une période de renforcement des liens humains, de solidarité et de préparation pour les jours plus doux à venir. Les habitants savaient qu'ils pourraient surmonter ces défis, comme ils l'avaient toujours fait, ensemble.
Dans le village les rumeurs d'une possible attaque russe se propagent rapidement, semant l'inquiétude parmi les habitants. Le bruit des conversations préoccupées résonnait à travers les rues pavées, et les visages des villageois etaient marqués par l'anxiété. Au centre du village, un groupe de femmes et d'hommes s'etaient rassemblés pour discuter de la situation. Parmi eux se trouvée Oksana, au regard soucieux. Elle ne pû s'empêcher de penser à son frère et d'imaginer les éventuelles réquisitions des jeunes qui pourraient suivre une attaque. Oksana se tenait là, écoutant les conversations emplies de crainte et d'incertitude. Les scénarios les plus sombres se dessinaient dans son esprit : les combats, les pertes, la séparation d'avec ses proches. Elle ressentait un mélange d'angoisse et de détermination, prête à tout pour protéger sa famille et son pays. Dans ce moment de tension palpable, le village tout entier se préparait à l'éventualité d'une confrontation imminente, chacun se demandait ce que l'avenir leur réservait et espérait que la paix prévaudra malgré les menaces qui planaient au-dessus de leur communauté.
Un soir seule à seule avec sa mère, Oskana lui demanda :
- j'ai tellement peur... Que va-t-il se passer si le conflit éclate vraiment? Et si Andry mon frère est appelé au front, que va-t-il advenir de lui ?
- Oh ma chérie, je comprends que tu sois inquiète. Mais tu sais, dans ces situations, il est difficile de prédire ce qui va se passer. Nous devons rester forts et unis en tant que famille.
- Mais maman, tu ne réponds pas à mes questions... Que se passera-t-il si les soldats russes envahissent notre région? Comment pourrons-nous protéger notre foyer et nos terres.
- Je... je ne sais pas vraiment. Nous devrons suivre les instructions des autorités, rester en sécurité et espérer que tout se termine rapidement. Nous avons survécu à tant d'épreuves par le passé, nous trouverons un moyen de traverser celle-ci aussi.
Oksana lui répondit les larmes aux yeux.
- Je ne veux pas perdre mon frère, maman. Il est tout ce que j’aime le plus au monde. Comment pourrais-je faire face à cette peur constante si présente de le perdre?
Sa mère l’enveloppa dans ses bras.
- Ma chérie, nous sommes une famille forte. Peu importe ce qui se passera, nous serons là les uns pour les autres. Restons unis et confiants, gardons espoir en des jours meilleurs. Tout ira bien, tu verras.
Oksana fondit en larmes et allât se réfugier dans sa chambre. Kateryna essaya de la consoler sans y parvenir et dû se résoudre à admettre son impuissance pour rassurer sa douce enfant.
Les Ukrainiens sentaient le mal venir insidieusement. L'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et le conflit dans l'est de l'Ukraine entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les séparatistes soutenus par la Russie avaient créé des tensions entre les deux pays. Ces événements avaient été précédés par des manifestations pro-européennes en Ukraine qui avaient conduit à la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Les motifs de l'intervention russe en Ukraine étaient complexes incluant des considérations géopolitiques, historiques, ethniques et économiques. La Russie a toujours affirmé agir pour protéger les populations russophones en Ukraine et a soutenu les séparatistes dans l'est du pays. Ces actions ont été largement condamnées par la communauté internationale et ont entraîné des sanctions économiques contre la Russie Malgré les efforts diplomatiques de nombreux pays pour trouver une solution pacifique les relations entre la Russie et l'Ukraine restaient sensibles et les tensions prenaient de l’ampleur, malgré les efforts diplomatiques pour trouver une solution pacifique .
Chapitre 2
Dans le calme apaisant d'un soir de septembre, alors que le soleil embrassait l'horizon de ses teintes orangées, le petit village ukrainien s'endormait doucement sous le voile de la nuit naissante. Les derniers rayons du jour
L'aube était encore timide lorsque la nouvelle parvint à Zalishchyky : la Russie avait lancé son offensive sur l'Ukraine. La réaction fut immédiate et collective. Le silence serein du village, recouvert par la neige, fut brisé par une vague d'agitation et de détermination. Les premières informations vinrent par la radio et les téléphones portables. Des explosions avaient été entendues à la frontière, des troupes russes traversaient les lignes, et des avions survolaient l’espace aérien ukrainien. Le maire du village invita la population immédiatement à une réunion d’urgence sur la place centrale. Les villageois, encore enveloppés dans leurs manteaux d'hiver, se rassemblèrent rapidement, leurs visages marqués par la gravité de la situation.
Kovalenko, le maire, monta sur une caisse en bois pour se faire entendre.
-Mes amis, l'heure est grave. La Russie a lancé son offensive. Nous devons nous préparer à défendre notre village, notre pays, notre liberté.
Un murmure parcourut la foule, mais il n'y avait ni panique ni confusion. Plutôt une résignation mêlée de détermination. Les hommes et les femmes de Zalishchyky savaient que le moment était venu de mettre de côté leurs peurs et de s’unir face à l'agression
Ivan, le fermier, prit la parole.
-Nous devons organiser des tours de garde et sécuriser nos maisons. Ceux qui ont des armes, apportez-les. Les autres, nous aurons besoin de vos compétences pour fortifier le village.
Les hommes commencèrent à se répartir les tâches. Certains partirent chercher des outils et des matériaux pour ériger des barricades aux entrées du village. D'autres rassemblèrent des fournitures médicales. Les femmes, quant à elles, prirent en charge la préparation des vivres pour les futurs gardiens et combattants. Maria, la propriétaire du magasin, ouvrit ses réserves.
-Prenez ce dont vous avez besoin. Nous devons nous assurer que personne ne manque de rien.
Les hommes en âge de combattre s'entraînaient avec les armes qu'ils avaient pu rassembler alors que le vieux docteur du village à la retraite, transforma une salle de la mairie en poste de secours, prête à soigner les blessés. Petro, l'enseignant, mobilisa les jeunes en leur disant :
- Nous devons être les yeux et les oreilles du village. Apprenez à reconnaître les signes de danger et à alerter rapidement. Kovalenko organisa des patrouilles pour surveiller les alentours et repérer toute activité suspecte. Les plus âgés, ayant connu des conflits passés, partageaient leur expérience et leurs conseils sur la survie en temps de guerre.
Les discussions étaient intenses mais pleines de camaraderie. Les anciens racontaient des histoires de résistance, renforçant la détermination des plus jeunes. Les familles se soudées, imaginées de probables au revoir avec des embrassades serrées, les larmes aux yeux, mais avec la conviction que ce combat sera nécessaire.
Le prêtre du village réouvrit l'église pour ceux qui cherchaient un moment de prière ou de réconfort.
- Soyons forts et courageux, disait-il à la petite congrégation réunie. Que notre foi nous soutienne dans cette épreuve. Ensemble, nous triompherons !
Alors que la nuit tombait, le village était prêt. Des feux de camp illuminaient les rues, les silhouettes des gardiens se détachaient contre les flammes. Le silence était ponctué par les cris des sentinelles, les bruits de marteaux frappant le bois, et le murmure des prières.
Oksana, cachée derrière la fenêtre de sa maison, observait avec des yeux grands ouverts. Elle voyait son père, et d'autres hommes préparer des défenses, sa mère, Kateryna, distribuer de la soupe chaude aux travailleurs. Malgré la peur qui nouait son estomac, elle ressentait une fierté immense pour la force et le courage de son village.
Dans cette nuit glaciale, Zalishchyky n'était plus simplement un village endormi. C'était un bastion de résistance, un symbole de la détermination ukrainienne à défendre sa liberté. Chaque villageois, de l'enfant à l'ancêtre, jouait son rôle, prêt à affronter l'orage qui approchait. Ensemble, ils étaient plus forts, unis par un seul objectif : protéger leur terre et leur liberté, coûte que coûte.
C'était une journée ordinaire pour Oksana, mais l'air était lourd de tension, comme si la nature elle-même ressentait le pressentiment d'un événement tragique. Les nouvelles de la guerre approchant avaient commencé à se répandre dans le village, mais la routine quotidienne persistait, les villageois espérant contre toute attente que leur petite enclave resterait épargnée. Ce matin-là, Oksana jouait dans le jardin avec son frère, tandis que ses parents travaillaient à l'intérieur de la maison. Le ciel s'assombrit soudainement, et le grondement lointain d'avions militaires se fit entendre, un son qui ne présageait rien de bon. Mykola sortit précipitamment, les traits tendus par l'inquiétude, ordonnant à ses enfants de rentrer immédiatement. Le bruit des explosions se rapprochait rapidement. Les avions ennemis apparurent au-dessus du village, lâchant leurs cargaisons mortelles. La terre trembla sous les premières détonations, et une maison voisine fut réduite en débris sous leurs yeux terrifiés. L'attaque fut soudaine et impitoyable. Le ciel de Zalishchyky, autrefois serein et bleu, s'était embrasé sous les flammes des bombes. Les détonations avaient résonné comme des coups de tonnerre, faisant trembler la terre et semant la destruction dans tout le village.
Oksana, saisie de panique, se précipita vers sa mère qui l'attrapa fermement dans ses bras.
-Reste avec moi, ma chérie, murmura Katerynaavec une voix tremblante mais déterminée.
Mykola et Andriy couraient en direction de la cave, cherchant à se mettre à l'abri. Soudain, une explosion assourdissante secoua la maison. Le toit s'effondra partiellement, et des débris volèrent partout. Oksana sentit une douleur vive à la tête avant de sombrer dans l'inconscience. Lorsqu'elle reprit connaissance, le silence était accablant, seulement ponctué par le crépitement des flammes et les gémissements lointains des blessés. Elle était coincée sous un morceau de bois, sa tête résonnant d'une douleur sourde. Ses yeux cherchèrent désespérément sa mère, mais tout ce qu'elle pouvait voir était la poussière et les ruines de ce qui avait été sa maison. Elle réussit à se dégager péniblement, chaque mouvement lui coûtant une douleur intense.
Lorsqu'elle émergea des débris, elle appela ses parents et son frère, sa voix faible et désespérée. Aucune réponse. Tremblante et en larmes, elle trébucha à travers les décombres jusqu'à trouver le tablier déchiré et immaculé de sang sa mère, Le choc la frappa comme une vague glacée, la laissant paralysée par la douleur et l'horreur.
Errant comme un spectre parmi les ruines fumantes, Oksana finit par croiser son voisin, M. Ivanov, un vieil homme qui connaissait bien sa famille. Il la prit doucement par la main, ses yeux remplis de tristesse.
-Viens, Oksana, il faut que tu viennes avec moi, dit-il d'une voix rauque.
Ivanov la conduisit à sa maison, miraculeusement épargnée par les bombes. Sa femme, Olga, la prit dans ses bras, tentant de la consoler malgré ses propres larmes. Ils la cachèrent dans leur cave, où d'autres villageois avaient trouvé refuge.
Au matin, les premières lueurs de l'aube révélèrent l'ampleur des dégâts. Des maisons étaient réduites à des tas de débris fumants, des toits effondrés, des murs éventrés. La place centrale, autrefois le cœur battant du village, était maintenant un champ de ruines, avec des voitures renversées et les commerces détruits. L'église, refuge spirituel de tant de villageois, avait perdu son clocher, effondré sous l'impact. Les rues étaient jonchées de débris, de verre brisé et de restes calcinés. Une odeur âcre de fumée et de destruction flottait dans l'air, rendant la respiration difficile. Les pertes humaines étaient lourdes. Des familles entières avaient été décimées, des voisins et des amis arrachés brutalement à la vie. Kovalenko, le maire, dénombrait les victimes avec des larmes dans les yeux : près d'une cinquantaine de villageois avaient péri dans l'attaque, et de nombreux autres étaient portés disparus ou gravement blessés. Malgré la dévastation, les survivants de Zalishchyky ne perdaient pas de temps. Ils s'organisèrent rapidement pour rechercher des survivants parmi les décombres. Ivan, Petro, et d'autres volontaires s'équipaient de pelles, de barres à mine et de lanternes, creusant avec détermination dans les débris. Des cris d'encouragement et d'appel se faisaient entendre, les habitants espérant contre toute attente trouver des signes de vie sous les ruines. Des équipes s'étaient formées pour fouiller méthodiquement chaque maison détruite, chaque recoin effondré. Le père Parenkola priait sans relâche, sa voix tremblante mais ferme, demandant protection et force pour son peuple. Parmi ces sauveteurs, une petite silhouette se détachait. Oksana, malgré ses dix ans, refusait de rester en arrière. La disparition de ses parents et de son frère, l'avait frappée comme un coup de poignard, mais elle n'avait pas le temps de pleurer. Ses yeux, gonflés de larmes retenues, brillaient d'une détermination farouche.
- Je dois les retrouver ! répétait-elle inlassablement à ceux qui tentaient de la dissuader. Je dois trouver ceux qui sont encore là.
Elle se faufilait avec force dans les espaces étroits, sous les poutres effondrées et entre les murs à demi détruits. Elle rampait, poussant les débris, écoutant attentivement le moindre son qui pouvait indiquer une présence humaine. Fatiguée, les mains écorchées et saignantes, Oksana ne montrait aucun signe de ralentissement. Elle travaillait aux côtés des adultes, suivant les instructions avec une maturité étonnante. Son cœur battait la chamade chaque fois qu'un cri de joie retentissait, signalant la découverte d'un survivant. À un moment donné, elle entendit un faible gémissement sous une pile de débris. Sans hésiter, elle appela à l'aide et commença à déblayer frénétiquement les décombres. Ses petites mains se frayaient un chemin, pierre après pierre, jusqu'à ce qu'elle découvre le visage poussiéreux de Petro, grièvement blessé mais vivant. Les adultes, inspirés par son courage, vinrent l'assister et réussirent à le libérer. Malgré la fatigue qui alourdissait ses membres et le choc qui menaçait de la submerger, Oksana continuait. Elle pensait à ses parents, à leur amour et à leurs enseignements. Ils lui avaient appris la valeur du courage et de la solidarité. Elle savait qu'ils auraient voulu qu'elle se batte, qu'elle reste forte pour ceux qui avaient encore besoin d'elle.
La fatigue avait finalement eu raison d'Oksana. Après des heures interminables de recherches parmi les décombres, son petit corps n'en pouvait plus. Elle s'était donnée sans compter, repoussant ses limites bien au-delà de ce qu'un enfant de son âge pouvait supporter. Alors qu'elle tentait de déblayer un autre tas de débris, ses forces l'abandonnèrent soudainement. Ses jambes fléchirent, et elle s'effondra sur le sol froid et dur, ses mains ensanglantées et son visage couvert de poussière. Ivan, le fermier, fut le premier à la trouver. Il courut vers elle, son cœur battant la chamade. "Oksana ! Oksana !" appela-t-il, mais la petite fille ne répondit pas. Son souffle était faible, presque imperceptible, et ses yeux fermés refusaient de s'ouvrir.
Oléna l'infirmière, accourut également. Elle prit rapidement le pouls de l'enfant et vérifia sa respiration. "Elle est épuisée au-delà de ses forces," dit-elle d'une voix tremblante.
- Nous devons l'évacuer immédiatement. Si elle reste ici, elle ne survivra pas.
Une vieille camionnette fut rapidement préparée. Petro, malgré ses propres blessures, insista pour conduire.
- Je connais la route vers Kiev mieux que personne," affirma-t-il. "Nous devons partir maintenant, avant que son état ne s'aggrave davantage."
Oléna installa Oksana aussi confortablement que possible sur un lit de fortune à l'arrière du véhicule. Elle lui administra une perfusion pour tenter de stabiliser son état. Les villageois, unis par l'inquiétude et la détermination, aidèrent à charger la camionnette avec des provisions et du matériel médical.
Le véhicule démarra, ses pneus crissant sur la neige et la glace. La route vers Kiev était longue et périlleuse, surtout en ces temps de guerre. Des barrages et des points de contrôle se dressaient régulièrement, obligeant Petro à s'arrêter fréquemment pour expliquer la situation désespérée d'Oksana. À chaque arrêt, Oléna vérifiait les signes vitaux de la petite fille, son cœur se serrant à chaque ralentissement de son pouls. "
- Tiens bon, Oksana," murmurait-elle, tenant la main froide de l'enfant. "Nous arriverons bientôt.
Après des heures interminables, la camionnette arriva enfin à Kiev. Les lumières de la ville, bien que partiellement éteintes pour éviter les bombardements, représentaient une lueur d'espoir. Ils se dirigèrent immédiatement vers l'hôpital central, où une équipe médicale les attendait déjà, prévenue par radio de leur arrivée imminente.
Oksana fut rapidement prise en charge par les médecins. Oléna et Petro, épuisés mais soulagés, observaient tandis que l'équipe médicale la transportait sur un brancard vers les urgences. Les médecins évaluèrent son état critique et la préparèrent pour une série de tests et de traitements intensifs Les diagnostics étaient sombres : Oksana était tombée dans un coma profond dû à l'épuisement extrême, la déshydratation et le traumatisme physique et émotionnel. Les médecins travaillaient sans relâche pour stabiliser son état, mais l'issue restait incertaine. Oléna, épuisée mais déterminée, restait à son chevet. Elle veillait sur Oksana, priant pour un miracle. Les nouvelles de Zalishchyky parvinrent à l'hôpital, où les habitants attendaient anxieusement des nouvelles de leur jeune héroïne. Les villageois, malgré leur propre détresse, continuaient à envoyer des messages de soutien et de prière.
Les jours suivants furent une lutte constante pour la vie d'Oksana. Les médecins, aidés par la volonté indéfectible de la communauté de Zalishchyky, firent tout ce qui était en leur pouvoir pour ramener la petite fille à la conscience. Malgré la fatigue et l'horreur de la guerre, l'espoir persistait, symbolisé par la détermination de ceux qui refusaient d'abandonner. Dans un contexte de destruction et de désespoir, la détermination et la solidarité des habitants de Zalishchyky se reflétaient dans leur combat pour sauver Oksana. Leur courage et leur persévérance étaient le témoignage vivant d'un esprit invincible face aux épreuves les plus terribles. En attendant son réveil, ils savaient que, quoi qu'il arrive, leur lutte pour la liberté et la vie continuerait, guidée par la lumière inextinguible de l'espoir.
Après huit jours d'inconscience, Oksana ouvrit finalement les yeux. La lumière vive de la chambre d'hôpital l'aveugla brièvement. Ses paupières lourdes papillotèrent tandis qu'elle tentait de se réorienter. Autour d'elle, le bourdonnement des machines médicales et les murmures des infirmières créaient une cacophonie de sons étrangers.
- Où... où suis-je ?" murmura-t-elle, sa voix faible et rauque.
Une infirmière se précipita à son chevet, un sourire de soulagement se dessinant sur ses lèvres.
- Tu es à l'hôpital de Kiev, Oksana," dit-elle doucement. Tu es en sécurité maintenant.
Oksana essaya de se redresser, mais une douleur lancinante lui traversa le corps, la forçant à se recoucher. Les souvenirs revinrent par vagues : les bombardements, les décombres, ses parents...
- Où sont mes parents ?" demanda-t-elle, l'angoisse perçant dans sa voix.
L'infirmière échangea un regard triste avec Oléna, qui se tenait en retrait, les yeux brillants de larmes retenues. Oléna s'approcha et prit la main d'Oksana.
- Ma chérie, tes parents... ils ne sont plus avec nous, dit-elle doucement. "Ils sont partis rejoindre les anges.
Cet événement tragique marqua la fin brutale de l'enfance insouciante d'Oksana. La douleur de la perte de ses parents et de son frère l'envahit, mais dans cette obscurité, une flamme de résilience commença à brûler. Elle comprit que pour honorer la mémoire de sa famille, elle devait trouver la force de continuer, de se battre pour la liberté et la justice que ses parents avaient tant valorisé. Les jours suivants furent flous pour Oksana, marqués par la douleur, le chagrin et une peur constante. Elle restait recroquevillée dans la cave, incapable de dormir, revivant sans cesse l'horreur de l'attaque. Les Ivanov faisaient de leur mieux pour la réconforter, mais la perte de ses parents la laissait inconsolable. La réalité de sa nouvelle condition d'orpheline s'enfonçait lentement, transformant sa confusion et sa peur en une détermination sourde. Les villageois, impressionnés par son courage, la soutenaient du mieux qu'ils pouvaient. Ils veillaient à ce qu'elle mange et boive, la couvrant de couvertures lorsqu'elle s'effondrait de fatigue, mais elle se relevait toujours, prête à continuer. Oksana devint un symbole d'espoir et de résilience. Sa détermination et son courage inspiraient les survivants, leur rappelant que, malgré la destruction et la perte, il y avait toujours de la force dans l'unité et l'espoir dans l'action. Ensemble, les habitants de Zalishchyky, guidés par l'exemple de cette jeune fille, continuèrent à chercher des survivants, reconstruisant peu à peu leur communauté brisée.
Les deux semaines suivantes furent une période de récupération pour Oksana. Chaque jour, elle luttait contre la douleur physique et le chagrin écrasant. Oléna et les autres membres du personnel médical faisaient tout leur possible pour la réconforter et la soigner, mais la perte de ses parents laissait un vide immense.
Finalement, le jour de son départ arriva. Oléna l'accompagna jusqu'à la camionnette qui la ramènerait à Zalishchyky. Les rues de Kiev, encore marquées par les signes de guerre, défilaient devant ses yeux fatigués. À son arrivée au village, les habitants l'accueillirent avec une chaleur réconfortante. Ivan, Petro, et le père Pavlo étaient parmi les premiers à l'entourer de leurs bras protecteurs. Mais même au milieu de cette effusion d'affection, Oksana ne pouvait s'empêcher de sentir l'absence de ses parents.
Oksana retourna sur le lieu de sa maison, ou plutôt ce qu'il en restait. L'endroit où elle avait grandi n'était plus qu'un amas de débris calcinés. Elle se tenait là, regardant fixement, les souvenirs de ses parents et de sa vie d'avant la submergeant.
- Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour retrouver tes parents, Oksana," dit Kovalenko, le maire. "Mais l'explosion... c'était si violent. Il n'y avait rien que nous puissions faire."
Oksana serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans sa paume. Les larmes qu'elle retenait depuis si longtemps coulaient enfin, roulant silencieusement sur ses joues. Elle s'agenouilla parmi les débris, cherchant désespérément un objet, un souvenir, quelque chose qui lui rappellerait ses parents. Malgré la douleur et la perte, quelque chose grandissait en elle : une résolution farouche. Elle se souvenait des mots de ses parents, de leur amour pour leur pays, de leur désir de liberté. Oksana savait qu'elle devait continuer leur combat.
- Je vais me battre," murmura-t-elle, sa voix tremblante mais déterminée. "Pour eux. Pour notre liberté."
Les villageois la soutenaient, leur admiration et leur respect pour la petite fille renforçant leur propre détermination. Oksana, malgré son jeune âge et les horreurs qu'elle avait endurées, devint un symbole de résilience pour Zalishchyky.
Oksana, la petite orpheline de Zalishchyky, se leva des cendres de sa maison détruite, portant en elle l'espoir et la force de tout un village. Elle savait que le chemin serait long et difficile. Elle gardait en mémoire ses parents pour la guider, elle était prête à affronter tous les défis qui se dressaient devant elle.
Oksana avait été hébergée chez Kateryna, l'infirmière, qui l'accueillait avec toute la tendresse et l'attention dont elle était capable. Kateryna veillait sur elle comme une mère, essayant de combler le vide laissé par la perte des parents d'Oksana. Mais malgré les efforts de Kateryna, Oksana se sentait étouffée par l'inactivité. Chaque nuit, les cauchemars de l'explosion la hantaient, et chaque jour, la douleur de la perte de ses parents la rongeait.
Chaque matin, en regardant les ruines de sa maison depuis la fenêtre de la chambre de D'Olena, Oksana sentait une colère sourde monter en elle. Cette colère se transformait en une détermination farouche : elle voulait se venger, elle voulait agir. Elle ne pouvait plus rester les bras croisés alors que son pays et son village continuaient à souffrir.
- Je dois faire quelque chose," se répétait-elle, ses yeux fixés sur l'horizon. "Je dois continuer le combat que mes parents ont commencé."
Un soir, après un dîner silencieux, Oksana se leva de table avec une résolution ferme. Elle regarda Oléna, qui comprit immédiatement qu'un changement crucial venait de se produire.
- Oléna, je dois te parler," dit Oksana, sa voix pleine de détermination.
L'infirmière posa son assiette et lui fit signe de continuer.
- Je ne peux pas rester ici, en sécurité, pendant que tant d'autres souffrent et se battent. Mes parents ont donné leur vie pour notre liberté. Je dois honorer leur mémoire et faire ma part."
Oléna, les larmes aux yeux, prit Oksana par les épaules.
- Oksana, tu es si jeune. La guerre est dangereuse, impitoyable. Nous ne voulons pas te perdre toi aussi."
Oksana hocha la tête, reconnaissante de l'inquiétude de Kateryna, mais son cœur était résolu. -
- Je sais, mais je dois faire ce qui est juste. Je ne peux pas vivre dans la peur et la passivité. J'ai besoin de me battre pour notre liberté, pour l'avenir de notre village, pour la mémoire de mes parents."
Oksana voulait honorer le sacrifice de ses parents. Ils avaient toujours cru en un avenir libre et paisible pour leur pays, elle voulait poursuivre ce rêve en leur nom. La perte de ses parents l'avait rendue profondément consciente des injustices de la guerre. Elle ne voulait plus voir d'autres enfants souffrir comme elle l'avait fait. Oksana aimait profondément son pays. Elle voulait protéger ses terres, ses traditions, et ses gens des envahisseurs. L'inaction était insupportable pour elle. Elle avait besoin de canaliser sa douleur et sa colère en actions concrètes qui pourraient faire une différence.
Oléna, bien que réticente, comprit la détermination d'Oksana. Elle savait que tenter de la retenir ne ferait qu'attiser son désir de partir. Avec un cœur lourd, elle aida Oksana à se préparer.
- Prends ceci, dit Oléna, lui tendant une petite trousse de premiers secours. Il y a un peu d'argent, tu risques d'en avoir besoin. Et souviens-toi, prends soin de toi. Promets-moi de revenir."
Oksana serra Oléna dans ses bras.
- Je reviendrai, Oléna, et je reviendrai avec des nouvelles de notre victoire.
Avec un dernier regard en arrière, Oksana quitta la maison d'Oléna et se dirigea vers le front, son cœur battant fort dans sa poitrine. Elle savait que le chemin serait difficile et dangereux, mais sa détermination ne fléchirait pas. Pour ses parents, pour son village, et pour l'avenir de son pays, elle était prête à affronter tous les obstaclescaressaient tendrement les toits de chaume des modestes maisons, illuminant les façades de teintes dorées. Au loin, se dessinait la silhouette majestueuse de la ville de Zalishchyky, dont les lueurs scintillantes se reflétait timidement sur les eaux calmes de la rivière Dniester. Les bruits de la journée s'estompaient peu à peu, laissant place à une symphonie de douceur et de quiétude. Le chant mélodieux des grillons se mêlait au murmure léger du vent dans les feuilles des arbres, créant une atmosphère envoûtante et paisible. Les étoiles commençaient à percer timidement le voile du crépuscule, parsemant le ciel d'éclats argentés. La lune, telle une sentinelle bienveillante, se levait lentement, baignant le paysage d'une lumière douce et mystérieuse. Les ombres s'allongeaient, enveloppant le village d'un voile de mystère et de magie.
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